Interview
Fabienne Favre Boivin a succédé à Daia Zwicky à la tête de l’Institut des Technologies de l’Environnement Construit (iTEC) de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR), le 1er septembre 2023. Elle partage sa vision du Smart Living Lab comme un laboratoire propice à la complémentarité et souligne l’importance des synergies dans le milieu de la recherche.
- Que vous inspire le Smart Living Lab, qui réunit l’EPFL, la HEIA-FR et l’UNIFR dans une démarche interdisciplinaire?
C’est un modèle réduit de la vie réelle. Des personnes d’horizons multiples, avec des missions, des enjeux différents, qui évoluent dans un même lieu. Un laboratoire pour expérimenter la complémentarité, le respect et la force de la diversité pour générer de la créativité.
- Quels sont les défis qui attendent l’Institut iTEC de la HEIA-FR que vous dirigez depuis le 1er septembre 2023?
Les chercheurs et chercheuses sont passionné·es et couvrent un large domaine de savoir, mais gérer la multiplicité des missions (enseignement, transfert, recherche) sans s’épuiser est un challenge, surtout dans un petit institut (5-6 EPT dédiés aux recherches pour le Smart Living Lab). Trouver des points de convergences, des synergies, pour développer le travailler ensemble pourrait être une solution à cette difficulté. Un deuxième défi est la question de la visibilité de l’institut au niveau national et international. Enfin, je citerais la difficulté pour certaines disciplines du Génie Civil de parvenir à contribuer aux objectifs du Smart Living Lab, étant moins intuitivement liés à ceux-ci.
- Quelles seront vos activités au cours de ces prochains mois?
Rencontrer tous mes collègues pour définir avec eux leurs besoins est ma première priorité. Puis tenter de faciliter le travail de chacun·e en identifiant des synergies, en bref, tenter de favoriser le travailler ensemble. Cet institut, et les autres de notre école, sont riches de talents, j’aimerais que l’on puisse les faire se rencontrer. A l’interne, pour faciliter le travail et l’enrichir. Avec les autres instituts, parce que je crois que de regards croisés peut jaillir la créativité et la nouveauté. Et Dieu sait combien nous avons besoin de nous réinventer pour vivre harmonieusement notre époque.
"Rencontrer tous mes collègues pour définir avec eux leurs besoins est ma première priorité."
- Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours professionnel?
Mon parcours professionnel m’a conduit vers le Génie Civil alors qu’il ne m’y destinait pas. Je suis ingénieure en Génie Rural et en environnement de l’EPFL, j’ai un doctorat en science du sol, - la partie vivante de la croute terrestre - et 10 ans de carrière en recherche fondamentale dont les applications visent les propriétés épuratives des sols. Quand on m’a proposé de candidater à l’HEIA-FR en 2008, j’ai compris que j’opérais un virage très important, que je quittais mon domaine de recherche fondamentale et le confortable réseau que j’y avais créé. Un petit pas vers une grande nouveauté, mais j’avais mon bagage de chercheuse dans mon sac à dos et un environnement de travail offert ancré dans la réalité de terrain. Je suis extrêmement heureuse de ce choix: la position de la chercheuse tournée vers l’application est pleine de sens, riche de contacts et de satisfactions. Nos écoles sont des ascenseurs sociaux qui valorisent l’expérience. Ici, je trouve le lien entre science et expérience : n’est-ce pas un joli point de vue pour saisir à la fois la complexité du monde et ses enjeux ?
- Comment percevez-vous le futur de l’environnement bâti et les recherches qui le concernent?
Nous sommes toutes disciplines confondues, face à des enjeux impressionnants que soulève le dérèglement climatique. Ce que je vais dire ne se rapporte donc pas uniquement à l’environnement bâti. Nous devons changer de façon d’être au monde, aux autres, pour que nos sociétés puissent exister en paix. L’humain doit retrouver une position plus humble dans son écosystème. Nos recherches doivent continuer à viser l’économie et le respect des ressources, la minimisation des impacts sur le climat, la prise en compte des changements causés par le dérèglement climatique. Tout cela doit également s’accompagner d’effort pour augmenter la capacité à vivre tous ensemble dans la conscience d’un monde avec des limites. Nous devons également opérer un changement de paradigme : donner un peu de place à des recherches suscitées par les utilisateur·trices pour que la société puisse avoir prise sur le changement.
"Nos recherches doivent continuer à viser l’économie et le respect des ressources"
- Un mot sur ce qui vous anime en dehors de l’ingénierie ?
J’aime ressentir la nature, y faire du sport, en particulier dans la neige. J’aime la musique, l’écouter, la pratiquer. J’aime par-dessus tout les rencontres que toutes ces activités permettent de vivre. J’aime cultiver l’amitié. Et pour aborder ce qui ne serait pas de l’ordre des loisirs, mais qui m’anime aussi : les questions d’égalité des chances et de respect de la différence.
Contact
Fabienne Favre Boivin
-sustainable drainage systems
-water management