Identifier et évaluer les matériaux biosourcés qui présentent des caractéristiques intéressantes pour construire des bâtiments avec des impacts carbone négatifs

Le secteur des bâtiments et de la construction représente 37% des émissions de Gaz à Effet de Serre à l’échelle mondiale. L’objectif Suisse d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 va donc impacter très fortement cette filière. Pour atteindre la neutralité, il est impératif de réduire au plus les émissions mais aussi de maintenir et même d’augmenter l’effet de puits de nos ressources naturelles. Ce mécanisme est effectif si le carbone séquestré est stocké pendant une longue période, voire de manière permanente. Notamment, l’utilisation des matériaux d’origine végétale, dont la croissance a une capacité de séquestration du carbone biogénique, va permettre de stocker le carbone sur la durée de vie des bâtiments.

Par ailleurs, l’impact du secteur de la construction est fortement influencé par les importations qui représentent 2/3 des émissions d’un bâtiment. Dans ce contexte, l’intégration de biosourcés avec des circuits d’approvisionnement courts et locaux est une approche essentielle pour accompagner le secteur vers la neutralité. Cependant, l’état des recherche actuelles ne permet pas de définir un objectif cible de stockage de carbone biogénique dans le secteur de la construction en Suisse, tout comme il ne permet pas d’évaluer ce que seraient capables d’approvisionner les filières locales ou encore les stratégies de fin de vie de ces matériaux.

Des travaux de recherche précédents ont permis de définir des budgets carbones pour les constructions en accord avec les objectifs climatiques en Suisse et à l’international (SETUP PRO – HEIA-FR). La question des matériaux biosourcés dans ces objectifs n’a toutefois pas été établie et des budgets carbones négatifs pour atteindre la neutralité restent à être défini.

Le projet BioLoop intègre plusieurs méthodes de recherche pour répondre à ces enjeux. Les matériaux biosourcés à haut potentiel seront donc identifiés et évalués. Le projet propose ensuite d’établir une modélisation du parc bâti pour analyser l’évolution à long terme des paramètres qui influencent les émissions (taux de rénovation, constructions neuves, durées de vie, etc…). Le modèle intégrera l’analyse de cycle de vie dynamique pour inclure la temporalité des émissions ainsi que différents scénarios de fin de vie des matériaux. Des archétypes de systèmes constructifs à base de biosourcés seront définis pour les constructions neuves et les rénovations. L’application de ces archétypes à la modélisation du parc bâti, de son assainissement et de son accroissement permettra d’évaluer la demande en matériaux à venir. Enfin, cette demande sera confrontée aux gisements de productions et de transformations actuelles et projetées pour analyser le taux de couverture potentiel de cette future demande en matériaux et la capacité des circuits courts à alimenter en biosourcés le stock carbone du secteur de la construction.


Les résultats de ce projet permettront une illustration du marché de la construction de demain ainsi que l’identification de techniques constructives et de matériaux à haut potentiel pour les industriels du secteur. De plus le travail va permettre d’alimenter la question pour les décideurs de l’imposition de seuils minimums de biosourcés ou stockage carbone dans les constructions. Enfin, le projet permettra également d’éveiller et d’illustrer la contribution des techniques constructives à la lutte contre le changement climatique auprès des architectes et des ingénieurs.

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