Pour faciliter l’optimisation énergétique à grande échelle de tous les bâtiments jusqu’en 2030 (selon l'objectif de l’Office fédéral de l'énergie OFEN), le projet ProRen se propose de créer un cadre facilitant: une compréhension de l’ensemble du processus de rénovation, le développement d’une approche globale de la rénovation tenant compte de décalages de compétences entre les acteurs et d’une méthode de récolte et de traitement «intelligents» de données. Ce cadre permet le montage de projets inter-instituts dans le développement futur du thème fédérateur « Interventions sur le bâti existant ».

L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments est un sujet qui occupe le devant de la scène en Suisse depuis plus d’une décennie. Pour répondre à ce défi, des nombreux organes, stratégies, instruments, labels, standards et normes ont été conçus et mis en œuvre. Si longtemps l’attention a été accordée aux bâtiments neufs, la récente vision de l’OFEN 2050 marque un tournant, en plaçant la rénovation de bâtiments comme enjeu prioritaire de la Stratégie énergétique 2050. Dans cette vision, l’OFEN s’en fixe des objectifs très ambitieux, notamment la démonstration de la rentabilité et de la possibilité de faire de l’optimisation énergétique à grande échelle pour tous les grands bâtiments (2020–2025) et même pour tous les bâtiments jusqu’en 2030.

Mais, malgré la volonté politique et ces mesures, la consommation énergétique du parc immobilier suisse reste largement au-dessus des objectifs (100 TWh). Le problème de fond qui explique ce paradoxe se trouve dans les décalages existants entre le cadre légal spécifique au domaine du bâtiment, celui dédié à la rénovation énergétique et la réalité du terrain, entre les exigences d’un processus efficient de rénovation et les compétences des différents acteurs. Par ex., il y a un « competence gap » entre l’expert CECB (certificat énergétique cantonal des bâtiments), qui a une vision très orientée sur l’énergie sans avoir de compétences constructives, et les artisans qui suivent les prescriptions de leurs fournisseurs mais manquent de connaissances théoriques pour apprécier au cas par cas le bien-fondé des solutions standardisées. Plusieurs enjeux découlent de ce problème de fond. Nous savons qu’il n’y que rarement de planification dans le domaine de la rénovation, qu’elle est souvent réalisée par des artisans sur la base d’évaluations énergétiques succinctes des experts CECB et que la répartition des coûts entre propriétaires et locataires n’est pas claire.

Un premier enjeu pour le projet ProRen est donc la compréhension de l’ensemble du processus, cette fois de l’évaluation du bâtiment existant, à la conception de la rénovation jusqu’à l’exploitation. Le projet eREN a montré le fait que la performance énergétique dans un processus de rénovation ne doit pas être prise en compte séparément d’autres thèmes (augmentation de la valeur d'usage, changements d'affectation, esthétique, statique, protection de l'objet contre les dangers naturels, protection des monuments historiques, physique du bâtiment, viabilité financière, etc.). Un deuxième enjeu pour le projet ProRen est donc le développement d’une approche globale de la rénovation impliquant des spécialistes des différents domaines (installations techniques, structure, enveloppe, etc.). Le projet eREN a également permis d’identifier une particularité de la rénovation qui a des effets majeurs sur la faisabilité et la rentabilité du processus : la connaissance approfondie du bâtiment existant. D’ici découle un troisième enjeu pour le projet ProRen, l’identification des pistes pour une récolte et un traitement « intelligents » de données (travail préparant une future intégration du thème « rénovation » dans un processus BIM).

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