Quatre projets réunissant chacun une entreprise et un groupe de recherche du Smart Living Lab, ont été présentés lors de l'événement Perspectives le 2 novembre dernier au Comptoir Gruérien, suivis d'une table ronde sur la qualité de l'air intérieur. Ces projets représentent un échantillon des opportunités de recherche et d'innovation que les entreprises de la région peuvent entreprendre avec le Smart Living Lab, dans le domaine du futur de l'habitat.
Les questions soulevées et les solutions apportées lors de cette soirée sont fondamentales pour les professionnels de l'environnement bâti aujourd’hui. La crise énergétique, notamment, requiert des changements de paradigmes. Il est essentiel d’animer ces échanges entre le monde académique et les acteurs du terrain, pour amener des solutions efficaces et innovantes face aux défis actuels.
Revaloriser les matériaux de construction
Les partenaires de projets se sont exprimés devant un public attentif mercredi soir. "Nous devons nous demander comment on utilise la matière", a déclaré André Jeker Professeur à la HEIA-FR lors de la première intervention de la soirée. L’entreprise Morand Construction Métalliques SA est en train de démonter la halle Polynorm pièce par pièce pour la remonter ailleurs. Plus de 1000 étiquettes ont été nécessaires pour inventorier toutes les pièces. Cette manière de travailler est à ses débuts mais pourrait révolutionner le métier avec de l'expérience. Elle demande plus de main d'œuvre mais beaucoup moins de matériaux. Lorsque l'on sait que les matières premières vont se faire de plus en plus rares et plus chères, l'intérêt pour le réemploi est certain. Cette démarche circulaire est partagée par le laboratoire SXL et son partenaire Diamcoupe. Pour montrer qu'il était possible de bâtir avec du béton réemployé, ils ont construit une passerelle en sciant et assemblant des blocs de bétons provenant de murs destinés à être démolis. L'objectif premier étant bien sûr de réduire les émissions de CO2. Mas pas seulement, ce travail plus fin et minutieux est beaucoup plus gratifiant pour les professionnels à l'œuvre sur le chantier, s'est enthousiasmé Guillaume Mittnacht de Diamcoupe, l'entreprise qui a scié les blocs de béton. Les architectes ne sont pas en reste puisqu'ils redécouvrent cette nouvelle esthétique du béton scié, a ajouté sa partenaire de projet Maléna Bastien Masse, collaboratrice scientifique à l'EPFL.
La technologie pour faciliter la communication et la transmission d'informations
Justement, de nombreuses entreprises et corps de métier collaborent ou se succèdent sur les chantiers. De la conception du bâtiment à sa réalisation, jusqu'à son exploitation, le BIM (Modélisation des Informations de la construction) devient un outil incontournable pour structurer les informations utiles à la construction, de manière ouverte et partageable par tous les acteurs. "Il est aussi important qu'elles soient pérennes afin que les fichiers puissent encore être ouverts dans de nombreuses années", présente Sergi Aguacil, responsable du groupe Building2050 qui conçoit le futur bâtiment du Smart Living Lab. C'est un travail de longue haleine puisque le cycle de vie d'un bâtiment est d'environ 60 ans. Le BIM est utile pour un bâtiment mais aussi à l'échelle d'un quartier, précise Virginie Dulucq, cheffe de projet chez BFF SA. Grâce à cette technologie, on peut avoir une meilleure maitrise de tous les paramètres du projet et fédérer les acteurs tels que SINEF ou groupe E pour économiser les coûts notamment. C'est un outil complémentaire au BIM que Florinel Radu, Professeur à la HEIA-FR et Luc Trottier, architecte au bureau Lutz ont promu pour clôturer ces présentations. Avec le nouvel outil en développement nommé ASSIST BAT , les maîtres d'ouvrage auront une vue précise de toutes les décisions et processus établis tout au long de la construction. "Cela nous permettra d’avoir un historique et de ne pas perdre de temps à justifier des décisions qui ont été prises il y a longtemps, a expliqué Luc Trottier. C’est un complément au BIM."
Que ce soit pour réduire les émissions de CO2, valoriser les matériaux ou optimiser les processus entre les différents partenaires, ces projets alliant des technologies innovantes et des connaissances pragmatiques sont appelés à se démocratiser et révolutionner les pratiques futures dans le domaine de la construction. Pour accélérer leurs mises en place, les outils de la promotion économique sont une aide précieuse. Jerry Krattiger, directeur de la Promotion Economique du canton de Fribourg, qui a ouvert cette soirée, a notamment détaillé les différentes mesures, par exemple accompagnement, cautionnement, plateformes technologiques, clusters ou centres de compétences, dont peuvent bénéficier les entreprises.
Etat des lieux sur la qualité de l'air intérieur
Pour terminer la soirée, une table ronde sur les effets négatifs de l'air intérieur sur la santé a suscité des discussions intéressantes.
Le groupe HOBEL de l'EPFL souhaite améliorer le système de ventilation des bâtiments tout en garantissant un coût énergétique minimal. « La concentration de CO2 n'est pas le seul indicateur de la qualité de l'air. Ce n'est pas forcément l'air extérieur qui va améliorer la qualité de l'air d'une pièce, » explique Evangelos Belias, doctorant au Smart Living Lab.
Selon Joëlle Goyette Pernot, Professeure à la HEIA-FR, il reste beaucoup à faire dans ce domaine. Cette problématique doit être documentée auprès des professionnels mais aussi des autorités et du grand public. C'est dans cette optique qu'elle a créé l'association ORTQAI qui veut accompagner ce changement.
De son côté, Jacque Spicher, administrateur de Chammartin & Spicher SA, a déploré que le concept de ventilation contrôlée soit difficile à faire entrer dans les habitudes. Il permettrait de renouveler l’air de manière mécanique pour assurer des conditions d’hygiène quelle que soit la saison, même en hiver.
Yves Meschenmoser de Foxym Sàrl a rappelé l'importance de bien comprendre et connaître les systèmes qui assurent le suivi du bâtiment. "Il y a un besoin de formation à ce niveau-là pour les concierges d'immeubles, notamment."
Pour tous, il était finalement surprenant de constater que les efforts consentis pour assurer la qualité de l'air soient minimes comparés aux moyens mis en oeuvre pour garantir la qualité de l'eau.
A la rencontre du public
En marge de l'événement Perspectives, le Smart Living Lab était invité sur le stand de Bluefactory au Comptoir gruérien durant toute la semaine avec différents partenaires du quartier d'innovation.
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